Comment s’assurer que vos patients suivent vos programmes sur le long terme ? Les facteurs et stratégies clefs

8/7/2024

Comment s’assurer que vos patients suivent vos programmes sur le long terme ? Les facteurs et stratégies clefs

Vous vous demandez pourquoi vos clients abandonnent leur suivi ou qu’ils n’appliquent pas vos conseils pour atteindre leurs objectifs ? La recherche scientifique peut apporter des éléments de réponse à ces questions, bien que les facteurs influençant la perte de poids soient plus étudiés que ceux influençant l’adhésion à un protocole.

Cette adhésion aux programmes de perte de poids est un défi majeur pour de nombreux individus en surpoids ou obèses. Malgré les efforts déployés par les diététiciens et leurs patients, beaucoup abandonnent ou retombent dans leurs travers avant d’avoir atteint leurs objectifs. Pour assurer le succès durable de vos programmes, il est crucial de comprendre les facteurs qui influencent ces décisions et de mettre en place des stratégies efficaces.

Dans cet article, nous vous présenterons les obstacles principaux au succès de vos patients. En nous appuyant sur des études majeures dans le domaine, nous explorerons les obstacles et les leviers majeurs permettant d’influencer l’adhésion du patient. En comprenant ces éléments clés, vous pourrez optimiser vos interventions et soutenir vos patients dans leur parcours de perte de poids sur le long terme.

Notons que la plupart des études scientifiques s’intéressent aux protocoles de perte de poids et non aux autres cas de figure du rééquilibrage alimentaire comme le traitement de certains TCA. De plus, chaque patient est unique et ces facteurs doivent être compris comme des indices pour vous guider vers ses particularités. Cependant, les barrières au succès partagent des points communs dans ces situations bien différentes. À vous de les adapter au mieux à vos patients.

Obstacles externes au patient

Un certain nombre des facteurs déterminant le succès du patient lui sont externes. Il ne peut pas les influencer, mais une bonne compréhension de ces enjeux permettra de déculpabiliser le client ou de le réconcilier avec sa situation. Il est alors primordial pour le praticien de les connaître afin de pouvoir soutenir et accompagner son patient au mieux.

État de santé

Plus l’état de santé initial est compromis, plus il est difficile de parvenir à perdre du poids et à le maintenir. Ainsi, très peu de personnes obèses parviennent à atteindre un IMC normal (une personne sur 210 chez les hommes, et une personne sur 124 chez les femmes). De plus, ces problèmes de santé peuvent compromettre la partie activité physique de l’intervention : il est beaucoup plus difficile pour une personne obèse d’atteindre un niveau d’activité satisfaisant et certains sports lui seraient plus néfastes que bénéfiques (pensez à la course à pied pour les articulations).

Cependant, s’il est très difficile pour une personne obèse d’atteindre un IMC normal, il ne faut pas tout abandonner. En effet, une réduction du poids initial de 5 % peut réduire de manière conséquente les risques de maladie cardiovasculaires et autres complications liées au poids. Une perte de poids de cet ordre s’effectue sur le long terme et il est important de souligner auprès du patient les bénéfices qu’il peut récolter à des étapes intermédiaires.

Outre la problématique de surpoids, le client peut présenter d’autres problèmes de santé, qu’elles soient physiques ou mentales, qui rendent l’adhésion à un protocole de perte de poids plus difficile. Il convient de les prendre en compte et de se coordonner avec d’autres professionnels de santé pour les traiter ou en diminuer les symptômes. Il peut être pertinent de sensibiliser le client sur le fait qu’un régime sain et le protocole du diététicien dans sa globalité peuvent être d’importants facteurs d’amélioration pour ses autres soucis de santé.

Pensez à célébrer et à féliciter vos patients pour chaque étape franchie et peut-être à proposer des semaines plus relâchées en termes de nutrition ou d’activité physique pour reprendre des forces. Ces pauses peuvent augmenter la perte de poids sur le long terme en offrant au client un répit apprécié.

Âge

Les études scientifiques constatent une meilleure adhésion aux protocoles de perte de poids chez les personnes plus âgées. Cela peut s’expliquer par une plus grande maturité, des risques cardiovasculaires liées au poids qui approchent, ou encore une sensibilisation du client par le corps médical. Cela peut aussi s’expliquer par la situation financière des clients qui peuvent être en moyenne plus aisés avec l’âge.

Il est important de garder ce facteur en tête et surtout ses différentes explications possibles pour essayer de réduire les risques d’abandon du client. Si vous vous occupez d’un étudiant par exemple, pensez à lui proposer des plans alimentaires tenant compte de sa situation financière et de son emploi du temps potentiellement chargé.

Statut socio-économique

Un statut socio-économique plus élevé est associé à une meilleure adhésion au protocole. Encore une fois, cela peut s’expliquer de différentes manières et il est important de garder ces facteurs en tête lors de l’intervention. Outre les différences de personnalité liées au statut socio-économique, on peut citer des problématiques externes qui en découlent : accès plus limité à des produits frais et de qualité, temps libre moins important pour la préparation des repas ou l’activité physique, niveaux de stress plus importants.

De la même manière que pour les étudiants, pensez à proposer des plans alimentaires adaptés aux contraintes de temps et de budget à vos clients affrontant ce type de difficultés.

Obstacles internes au patient

Contrairement aux éléments précédents, certains obstacles sont internes au patient. Il peut ainsi modifier son comportement pour augmenter ses chances de succès. Éduquez-le sur ces facteurs et donnez-lui les outils nécessaires pour agir en autonomie. Vous lui donnerez de bien meilleures chances de réussir sur le long terme, et notamment après votre intervention.

Motivation

La motivation est souvent citée comme le facteur unique de l’adhésion à un protocole, souvent amalgamée d’ailleurs à la discipline. Untel n’a pas réussi à perdre du poids ? Il devait manquer de motivation, de discipline, etc.

Cependant, on néglige l’impact de l’environnement extérieur sur cette motivation. Il est beaucoup plus facile d’être motivé quand on est entourés de personnes en bonne santé et actifs. Il est beaucoup plus facile d’être motivé quand on n’a pas une famille à nourrir, des soucis financiers, etc.

Mais il est tout de même possible de travailler sur cette motivation. Un exercice intéressant est d’inciter le patient à formuler explicitement ses objectifs, mais également les valeurs qui le poussent à essayer d’atteindre ces objectifs. Essayez de le guider vers des objectifs sains : être en meilleure santé ou gagner en mobilité et en forme physique par exemple. Interrogez-le sur ses valeurs et identifiez celles qui peuvent servir de motivation dans la route vers ces objectifs. Certains ont un sens de la famille très développé, amenez-les à considérer l’importance d’être en bonne forme physique pour jouer avec leurs enfants ou leurs petits-enfants. D’autres seront très carriéristes, notez les liens entre la forme physique et la forme mentale : les protocoles les aideront à être plus énergiques et à avoir une meilleure clarté mentale.

Mauvaises habitudes

Cela pourra paraître évident, mais le cumul d’habitudes alimentaires et physiques négatives rendra le parcours d’autant plus difficile et les chances d’échec plus élevées. De la même manière qu’avec le surpoids initial, plus le chemin est long plus il est difficile d’aller au bout. Il est alors primordial d’éduquer au maximum le patient concernant les habitudes qui peuvent détériorer ses résultats (pas d’activité physique, sauter les repas, grignotage en surabondance, etc.).

Une autre piste pour réduire l’impact de ces mauvaises habitudes sur le résultat final est d’aider le patient à comprendre comment se forment et se défont les habitudes. Pour cela, quatre piliers aident à former une habitude (ou à la défaire quand on les applique à l’inverse) :

  • Le déclencheur : un mauvais déclencheur est la bouteille de soda sucré qui traîne dans votre frigo et qui vous tente dès que vous l’ouvrez. Le patient mettra toutes les chances de succès de son côté en remplissant son frigo de fruits et légumes.
  • L’envie : travaillez avec le client pour qu’il se concentre sur qui il veut devenir et régule ses envies en fonction.
  • La réponse : c’est le comportement que l’on veut modifier, que ce soit la consommation de boissons trop sucrées, le grignotage, etc.
  • La récompense : il est important de récompenser les bonnes habitudes. Si le client a tenu ses objectifs pendant une semaine, conseillez-lui de s’accorder une soirée pour lui-même ou encore d’aller au cinéma.

Auto-suivi et outils technologies

Suggérer au client de suivre ses progrès et l’accomplissement de ses objectifs peut être un outil puissant. Que ce soit à travers l’utilisation d’une application de comptage de calories ou un journal nutritionnel, ces outils permettent au client de se responsabiliser vis-à-vis de lui-même et d’être honnête par rapport à ses comportements.

Facteurs influencés par le diététicien

Nous arrivons maintenant à votre rôle en tant que praticien. Sans surprise, vous avez beaucoup de leviers différents que vous pouvez actionner pour faciliter le cheminement de votre patient. Ces leviers vont de l’éducation que l’on a déjà citée, à la mise en place de soutiens sociaux ou encore simplement à la régularité de votre suivi.

Supervision et suivi

La supervision du patient fait une différence considérable dans ses chances de réussite. Un patient suivi par un professionnel a 65 % de chances de réussir en plus. Votre accompagnement est primordial à la réussite du patient. Et plus celui-ci est régulier, plus celui-ci est efficace.

Un point supplémentaire à noter : l’accès à des professionnels de la santé de différentes pratiques augmente également les chances de réussite. Collaborez avec des psychologues, médecins généralistes et encouragez votre client à les solliciter au besoin. Encourager votre patient à avoir recours à un coach sportif peut également permettre d’améliorer son adhésion au protocole physique et lui fournir les outils pour se maintenir en forme par lui-même par la suite.

Support social

Le second facteur le plus important pour la réussite du client est le soutien social. Les individus qui entreprennent un changement de mode de vie en compagnie d’un proche, d’un ami ou de famille ont 37 % de chances en plus de maintenir les kilos perdus.

En tant que praticien, vous pouvez être à l’initiative de ce support social de différentes manières :

  • Créez des groupes de chat avec des clients similaires et animez-les afin qu’ils se soutiennent entre eux.
  • Encouragez les clients à mettre en place des séances de sport entre amis ou de partager des dîners sains avec des proches.
  • Proposez des offres de suivi en couple ou en groupe. Leur aventure en sera facilité et cela apportera de la diversité dans votre pratique.

Vous pouvez également vous impliquer dans la communauté locale et tisser des liens. C’est l’occasion pour vous de faire la différence à une autre échelle et de toucher plus de monde. Organisez des ateliers de cuisine saine et invitez-y vos clients. Vous pouvez également organiser des séances de sport en collectif ou bien intervenir auprès des entreprises, écoles ou clubs sportifs locaux.

Conclusion

L'adhésion aux programmes de perte de poids est un processus complexe influencé par de nombreux facteurs. En tant que praticien, vous avez plus d’effet sur certains que sur d’autres.

Vous ne pourrez pas modifier le statut social de votre client, sa vie de famille ou le niveau de stress de son travail. Cependant, vous pourrez le sensibiliser à ces facteurs et le déculpabiliser vis-à-vis des facteurs qui sont hors de portée.

Les deux éléments les plus efficaces pour la réussite de votre patient sont un suivi rigoureux de votre part et un support social efficace mis en place autour de lui. De plus, éduquer le client concernant l’impact de ses décisions sur sa santé lui permettra d’être autonome sur le long terme.

Sources